Le Panthéon du cinéma : 5 – The Lord of the Rings
Une analyse sans détour, où l’on apprend que nul autre réalisateur que Peter Jackson n’aurait pu caresser l’espoir de porter à l’écran cet authentique chef d’œuvre de la littérature avec une telle maestria. Où l’on touche du doigt la suréminence artistique des équipes techniques ayant travaillé sur le film au regard de l’ampleur du défi que représentait une adaptation à laquelle elles-seules croyaient. Mais où l’on mesure néanmoins que malgré une excellence artistique proche de la perfection, la réalité de ce Panthéon peut cependant apparaître comme bien cruelle dès lors que l’adaptation cinématographique du texte de référence pour tous les amoureux de Heroic-Fantasy déplorerait quelques microscopiques manques et impairs. Alors mes précieux, je vous invite à enfourcher vos plus fiers destriers pour une chevauchée fantastique au travers des Terres du Milieu, théâtre des exploits les plus légendaires, … qu’ils soient littéraires ou cinématographiques.
Fiche technique
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Titre Original : The Lord of the Rings
Titre Français : Le Seigneur des Anneaux Réalisateur : Peter Jackson Producteurs : Peter Jackson, Barrie Osborne, Fran Walsh,… Acteurs : Elijah Wood, Sean Astin, Viggo Mortensen, Ian McKellen, Orlando Bloom, John Rhys-Davies,…
Scénaristes : J.R.R. Tolkien, Philippa Bowens, Fran Walsh,…
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Genre : Heroic Fantasy
Musique : Howard Shore
Distributeur : New Line Cinema et Warner Bros. Sortie mondiales : 19/12/01, 18/12/02, 17/12/03 Durée : 558mn (courte), 683mn (longue) Budget : 285M$ Box-office mondial : 2 915,2M$ Evaluation Globale : 87,7% |
Synopsis
Porté à l’écran par Peter Jackson, le Seigneur des Anneaux est une trilogie cinématographique basée sur le roman homonyme en trois volumes de J. R. R. Tolkien. Les films qui composent cette trilogie sont La Communauté de l'Anneau (2001), Les Deux Tours (2002) et Le Retour du Roi (2003).
L’histoire débute alors que le jeune et frêle Hobbit, Frodo Baggins, hérite d'un vieil anneau. Bien plus que la vulgaire relique d’une époque révolue, il venait d’entrer en possession de l'Anneau Unique, instrument de pouvoir absolu forgé jadis par Sauron, le Seigneur des Ténèbres, dans le but d’assurer une domination totale sur toutes les races de la Terre du Milieu. Face à un Mordor dont la puissance démoniaque grandit jour après jour, le dernier espoir des peuples libres réside dans une Communauté constituée de quatre Hobbits, de deux Hommes, d'un Nain, et d'un Elfe, le tout guidé par un puissant Magicien de l’Isengard. La quête poursuivie par la Compagnie amène les protagonistes à traverser la Terre du Milieu jusque dans les entrailles de la Crevasse du Destin, là-même où fut créé l’Anneau Unique, et seul lieu où il pourrait être définitivement détruit. Seulement, bien loin de n’avoir à en découdre qu’avec les armées maléfiques du Seigneur des Ténèbres, la Communauté n’aura de cesse d’apprendre que le cœur des peuples de la Terre du Milieu a déjà largement été corrompu par l’influence néfaste de Sauron et de l’Anneau, et que leurs ennemis peuvent sournoisement se dissimuler parmi leurs propres alliés. De la réussite de la Communauté dépendra le sort du Monde.
L'analyse
Peter Jackson est un geek, un vrai. Lorsqu’il se prend de passion pour un projet, il est capable de repousser les limites de la Création plus loin qu’aucun autre réalisateur ne saurait ne serait-ce que l’envisager. D’ailleurs, s’il est bien un adage qui lui sied à ravir, c’est qu’à l’impossible nul n’est tenu. Et cela même quand il s’agit de porter à l’écran l’œuvre phare de notre maître à tous, le Père Spirituel de l’Heroïc-Fantasy, le Grand Gourou du Médiéval-Fantastique, l’Empereur Galactique de la culture JDR, J.R.R. Tolkien et son légendaire Lord of the Rings. Trop coûteux, trop long, techniquement irréalisable, voire trop confidentiel au regard des débouchés commerciaux potentiels,… Peter Jackson a dû composer avec le scepticisme, ou si j’ose dire l’agnosticisme, de tout ce que le cinéma compte de parties prenantes, des producteurs aux fanboys en passant par les équipes techniques. Mais là où le commun des mortels juge que l’intéressé joue sa carrière sur le portage du projet, en bon (Grand) Architecte qui se respecte, Peter Jackson rétorque qu’il façonne le Monde à sa façon. Et force est de constater qu’il a livré aux hommes un des plus beaux artefacts divins de la glorieuse histoire du septième art.
Le Seigneur des Anneaux… Renier le caractère fondateur, voire sacré, de ce maître-ouvrage serait faire preuve de la plus grave des ignorances, de la plus inexcusable inculture, de la plus vile impéritie. Socle inamovible de l’univers imaginé par J.R.R. Tolkien, cette œuvre se veut la clé de voute de tout un édifice qui n’a cessé de grandir au fil du temps, au gré de l’imagination fertile d’autres créateurs s’étant par la suite réclamés de lui dans des domaines aussi variés que la littérature, le jeu ou encore les arts graphiques et plastiques. Bien plus qu’un simple prélude, Lord of the Rings s’érige en référence ultime tout autant qu’en source d’inspiration inépuisable pour tous les adeptes et amateurs de cet univers singulier. A grand renfort de poésie et de féérie, Tolkien a dépeint SON monde dans les moindres détails, usant d’un style descriptif à nul autre pareil. Quiconque a eu le bonheur de découvrir cette œuvre dans ses jeunes années n’a pu être qu’émerveillé en imaginant l’immense richesse des ornements des remparts de Minas Tirith, les imposantes fortifications du Gouffre de Helm, le fin ciselage de l’Argonath que le temps ne semble pouvoir ou vouloir altérer, la divine beauté des elfes et des bois de Rivendell, le gigantisme des constructions de la Moria, la quiétude de la Comté et de la Lothlorien, le désespoir du Mordor, ou encore l’immensité des plaines du Rohan s’étendant à perte de vue. Ajoutons à cela une mythologie, une quête, un bestiaire et des protagonistes comptant parmi les plus riches de la littérature et nous obtenons une œuvre fondatrice tout autant qu’intemporelle que la plume et la poésie de Tolkien ont su magnifier de la plus noble des manières.
Aussi, ambitionner de porter à l’écran une œuvre aussi riche, démesurée et complexe que Lord of the Rings avait tout de la gageure. Toutes proportions gardées, nous pourrions oser une comparaison, certes cavalière mais néanmoins inspirée, en inférant que l’adaptation cinématographique du Seigneur des Anneaux est à un cinéaste ce que l’ascension du Mont Everest sans assistance tant humaine que technique est à un alpiniste : une aventure, un aboutissement, une consécration. Encore faut-il se montrer digne d’un tel défi sous peine de déconvenues et de désillusions à la hauteur des espoirs suscités. L’alpiniste qui gravit 90% du Mont Everest dans des conditions extrêmes n’en a pas moins réalisé un authentique exploit … qui malheureusement terminera sa course dans les limbes de l’oubli et de l’anonymat. A la table de Zeus tout autant qu’au Banquet d’Odin, même les Démiurges n’ont pas leur place… Le pari était donc particulièrement risqué. Adapter, contre vents et marées, une œuvre culte jugée comme techniquement et commercialement impossible à passer sous un format cinématographique, tout en ayant l’absolue certitude que le public ne saurait tolérer une production qui répondrait à tout autre standard qualité que l’excellence avait tout d’une authentique mission impossible dont s’est magistralement acquitté Peter Jackson tel le premier Ethan Hunt venu.
Qu’on se le dise : les 683 minutes que comptent les trois versions longues mises bout-à-bout sont tout simplement orgasmiques. Face à un tel degré de perfectionnisme, d’excellence et de suréminence artistique, il n’est rien d’autre à ajouter qu’un simple « Waw !!! » (en prenant bien soin d’essuyer la bave qui perle le long de ses babines jusqu’aux genoux) sous peine d’user de tous les superlatifs connus de la langue française sans pour autant parvenir à un résultat littéraire qui soit à même de rendre l’hommage que les équipes techniques du film méritent en l’espèce. C’est simple, ce que ces dernières ont réalisé est tout simplement stratosphérique et un simple survol des tableaux de récompenses, mais plus encore des anecdotes en fin d’analyse finira de convaincre les plus sceptiques, voire réfractaires au genre. Manifestement, Peter Jackson a su insuffler un Souffle Divin à tous ses collaborateurs tant la direction artistique me semble être la plus aboutie jamais entraperçue dans quelconque œuvre cinématographique. Ce Seigneur de la caméra a su impliquer chaque partie prenante au projet – des chefs décorateurs aux maquilleurs, des premiers rôles aux figurants, des ingénieurs du son aux cascadeurs, des responsables des effets spéciaux aux livreurs de pizza – de telle sorte de pouvoir tirer la quintessence de toutes les forces vives à sa disposition, toutes intimement conscientes qu’elles participaient à un projet dont l’ampleur les dépassait. Des effets spéciaux d’une rare finesse, faisant la part belle à des scènes d’action dantesques chorégraphiées avec la virtuosité d’un John Williams aux commandes de l’Orchestre Symphonique de Londres ; des décors et une photographie plus vrais que nature et retranscrivant à la perfection les lieux jadis sortis de l’imagination de J.R.R. Tolkien ; des costumes et maquillages affichant un niveau de détail à se damner ; des acteurs impliqués à toute heure et habitant plus leurs personnages qu’ils ne les jouent ; des plans, prises de vue et autres effets de lumière à pleurer de bonheur ; un montage aux petits oignons et une atmosphère musicale et sonore enivrante ; Voici de quoi enthousiasmer le cœur le plus endurci. Mais plus encore, voilà un cocktail parfaitement distillé pour qui aspire à Ecrire l’Histoire plus encore qu’à simplement la marquer.
Face à tant de propos élogieux et apologiques, on en viendrait presque à se questionner sur la cinquième place que telle création occupe dans ce Panthéon consacré au septième art. Est-il seulement possible qu’il puisse exister quatre productions anthropiques à même de supplanter telle œuvre pourtant marquée du sceau du divin ?! Hélas, « The Lord of the Rings » n’est pas exempt de tout reproche et de (trop) nombreuses libertés prises par rapport à la base originelle divisent profondément la Communauté (de l’Anneau). De même, certaines scènes font montre de quelques menues disparités du point de vue qualitatif, probablement imputables à des délais de post-production affreusement courts. Le rythme de la narration peine quelquefois à demeurer soutenu, notamment dans les versions longues qui, malgré tout, obtiennent ma préférence en ce qu’elles font moins de concessions sur des moments clés du récit. Certaines scènes, en revanche d’une importance capitale pour la pleine et immaculée transposition de l’œuvre de Tolkien, restent inexplicablement et désespérément absentes… y compris de la version longue (que l’on songe simplement à la bataille de la Comté pour s’en convaincre !). Au final, bien que pleinement conscient d’avoir vécu une expérience hors du commun et d’être face à un monument aux Dieux du septième art, on conserve en son for intérieur la sensation douce-amère de n’être jamais passé aussi près de la perfection cinématographique. Un peu comme si, dans sa quête de l’Everest, Peter Jackson avait trébuché sur l’ultime difficulté. Dommage…
Ne nous y trompons guère néanmoins ! Nous sommes là en présence d’un film d’exception rendant hommage à la Bible de l’Héroïc-Fantasy de plus belle manière qu’aucun fan, même le plus intégriste (et par conséquent, râleur), n’aurait jamais pu l’imaginer, y compris dans ses rêves les plus fous. Il est, en effet, bien plus aisé de souligner ex post les quelques (très rares) ratés que de s’attarder humblement et respectueusement sur les innombrables qualités et infinis trésors dont fourmille le produit fini. C’est simple ; ce que Peter Jackson (à qui, vous l’aurez bien compris, j’associe pleinement tous les collaborateurs des plus indispensables aux plus modestes) a réalisé en l’espèce est bien plus qu’un chef d’œuvre, un authentique exploit ou une prouesse artistique de premier ordre… mais un acte de Pure Création mu par une inspiration que je qualifierais d’éthérée et céleste. Pour cela, il mérite les actions de grâces les plus sincères ainsi que la reconnaissance éternelle d’un fan de la première heure. A défaut de trôner sur la plus haute marche de ce Panthéon du cinéma, nul doute qu’il trustera longtemps encore la première place dans tous les Guinness Books et autres charts consacrés au septième art. Et c’est bien là le principal.
Pour aller plus loin
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Nominations et Récompenses
Dresser la liste exhaustive des récompenses reçues par la trilogie n’aurait aucun sens tant celles-ci sont nombreuses, le film ayant été unanimement applaudi par les professionnels du cinéma de par le Monde. Je me suis donc contenté, une fois n’est pas coutume, des seuls sacro-saints Oscars pour les années 2002 (The Fellowship of the Ring), 2003 (The Two Towers) et 2004 (The Return of the King). Notons qu’avec 11 distinctions sur autant de nominations, ce dernier opus égale le record de récompenses jadis codétenu par Ben-Hur (1959) et Titanic (1997). L’on peut néanmoins résolument y voir une moisson de récompense venant récompenser le travail pharaonique d’une trilogie entière plutôt que le seul dernier chapitre de l’aventure. Toujours est-il qu’avec un total de 29 nominations, la trilogie s’érige comme la série la plus prolifique aux Oscars devant « The Godfather » ( 28 ) et « Star Wars » ( 21 ).
Cérémonie | Récompenses | Nominations |
Oscars 2002 |
Meilleure photographie (Andrew Lesnie)
Meilleurs effets visuels
Meilleure musique (Howard Shore)
Meilleurs maquillages (P. Owen, R. Taylor)
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Meilleur film Meilleur réalisateur (P. Jackson)
Meilleur scénario adapté (Boyens, Jackson, Walsh)
Meilleur son (C. Boyes, H. Peek, M. Semanick …)
Meilleure chanson originale (« May it Be »)
Meilleur second rôle masc. (Ian McKellen)
Meilleure montage (J. Gilbert)
Meilleure dir. artistique (G.Major, D. Hennah)
Meilleurs costumes (N. Dickson, R. Taylor)
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Oscars 2003 |
Meilleur montage sonore (E. Ryn, M. Hopkins)
Meilleurs effets visuels
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Meilleur film
Meilleur montage (M. Horton)
Meilleur son (C. Boyes, H. Peek, M. Semanick, …)
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Oscars 2004 |
Meilleur film
Meilleur réalisateur (P. Jackson)
Meilleure dir. artistique (G.Major, D. Hennah)
Meilleurs costumes (N. Dickson, R. Taylor)
Meilleur montage (J. Selrick)
Meilleure chanson originale (« Into the West »)
Meilleur scénario adapté (Boyens, Jackson, Walsh)
Meilleure musique (H. Shore)
Meilleur maquillage
Meilleurs effets visuels (R. Taylor, P. King)
Meilleur son (C. Boyes, H. Peek, M. Semanick, …)
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The Fellowship of the Ring
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